Au moment où l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur revient au cœur de l’actualité, j’ai souhaité porter une position claire au nom de mon groupe : non à l’accord en l’état, mais non aussi au rejet pavlovien de tout accord commercial.
En commission des Affaires européennes, j’ai pris la parole lors de l’examen de la proposition de résolution européenne portée par François Ruffin. J’y ai soutenu la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur le mécanisme de « rééquilibrage » prévu par l’accord. L’objectif est double : sécuriser la capacité de l’UE à relever ses normes sanitaires, environnementales et sociales, et donner du temps politique pour obtenir de meilleures garanties pour nos agriculteurs. J’ai rappelé notre boussole : des accords commerciaux possibles, mais à trois conditions : clauses miroirs robustes, mécanismes de sauvegarde réellement efficaces et transparence démocratique sur la négociation et le suivi de l’accord.
En hémicycle, lors de la niche parlementaire consacrée à la proposition de résolution LFI, j’ai de nouveau porté cette ligne d’équilibre. Oui, les inquiétudes du monde agricole sont légitimes ; non, l’accord Mercosur n’est pas acceptable en l’état. Mais enfermer le débat dans un « pour ou contre Mercosur » est une impasse. J’ai rappelé que l’Amérique latine est un partenaire stratégique : refuser tout cadre d’accord reviendrait à laisser le champ libre à d’autres puissances, notamment la Chine, pour fixer seules les règles du jeu.
J’ai enfin insisté sur les trois conditions posées par la France : clause de sauvegarde agricole déjà obtenue, mesures miroirs crédibles et contrôles renforcés "in situ". C’est au nom de cette vigilance exigeante, que nous défendons nos agricultures tout en continuant à peser sur le contenu de l’accord.